Paris, le 10 mai 2023
Un grand vide…C’est l’impression que laisse aujourd’hui la disparition de Georges Kiejman à tous ceux qui l’ont connu.
Il avait de nombreuses vies, au barreau et ailleurs, et l’une d’elles avait été de fréquenter assidument les juridictions du droit de la presse et spécialement la 17ème chambre, avant de s’éloigner du palais du justice ces dernières années.
Outre son activité dans les grandes affaires de droit pénal ou de droit d’auteur, Georges Kiejman a fait les grandes heures du droit de la presse dans des affaires retentissantes.
On retiendra tout d’abord quelques grands référés des années 90. Celui de l’affaire Gubler dans lequel, au lendemain de la mort de François Mitterand en 1996, il allait obtenir l’interdiction du livre rédigé par son médecin, qui révélait les détails de sa maladie. Mais aussi les procédures de référé engagées pour défendre la mémoire du fils, Jean-Christophe Mitterand, dont les affaires africaines étaient mises en cause. Il inventera quasiment à cette occasion le référé-diffamation.
C’est ensuite l’affaire dite Aubrac qui vient à l’esprit. Il obtiendra avec son associé Thierry MAREMBERT une lourde condamnation en 1997 contre ceux qui avaient laisser entendre que Lucie et Raymond Aubrac auraient pu ne pas avoir le rôle héroïque que l’histoire leur reconnait, lors des arrestations de Caluire ayant décimé la résistance en 1943. 7 jours d’audience consécutifs conduits avec une maestria fulgurante, avec les plus grands résistants venus témoigner à la barre, dont il connaissait les moindres faits d’armes. Car l’histoire de la résistance résonnait avec sa propre histoire.
Enfin, c’est bien sûr l’affaire des caricatures de Mahomet qui est dans toutes les mémoires. En 2007, il mènera cette défense aux côté de Richard MALKA à l’occasion d’un procès hors-normes au cours duquel le palais de justice de l’île de la Cité s’est transformé en agora pendant plusieurs jours.
Tous ceux qui ont été son contradicteur en gardent un souvenir impérissable – c’est un euphémisme… Car il était indépassable, tout simplement le meilleur dans tous les registres du plaideur: aussi doué pour la férocité, pour l’intelligence, pour la sensiblité, pour la séduction, pour l’agressivité, pour la rouerie aussi, que pour la maîtrise absolue de dossiers qu’il connaissait dans les moindres recoins. La perfection dans la forme et dans le fond.
Nous avons aujourd’hui une pensée pour ses proches, ses associés et collaborateurs, et tous les membres de son cabinet.
Christophe BIGOT – Président de l’Association des avocats praticiens du droit de la presse
Jean-Yves DUPEUX – Président d’honneur
Basile ADER, Nicolas BÉNOIT, Lorraine GAY, Ilana SOSKIN, Charles-Emmanuel SOUSSEN, Florence BOURG, Nicolas VERLY, Emmanuel TORDJMAN – Membres du Conseil d’administration
Aurélie BREGOU, Florent DESARNAUTS, Octave NITKOWSKI, Sarah CHIRSEN, Stéphanie ZAKS, Clara MASSIS DE SOLERE, Pierre-Eugène BURGHARDT, Marie CORNANGUER, Alexandre BLONDIEAU – Membres du Conseil scientifique